Éditions GOPE, 154 pages, 13 x 19 cm, 14.70 €, ISBN 979-10-91328-34-0

Traduction : Marcel Barang

mardi 13 juin 2017

Le nom « Priya » berce tranquillement notre lecture

Sans cesse répété, le nom « Priya » berce tranquillement notre lecture. Il se fait plus rare au fil des pages et, de berceuse, le texte devient violence : violence de la nature envers les hommes, violence entre les êtres humains ; violence et lourdeur du non-dit et des secrets ; violence du viol et de l’inceste, violence de la guerre… 

Nous sommes en Thaïlande et la page de gauche, en thaï, nous le rappelle de façon très agréable — quelle belle graphie ! — mais, finalement, que l’on soit en Thaïlande ou au fin fond de la France, les sentiments ne sont-ils pas les mêmes, les relations entre les hommes identiques, les horreurs tout aussi épouvantables ? Dans ce court et bel ouvrage, tout est terriblement humain !

Luce D. & Marielle T.
Juin 2017

La lâcheté ou la folie pour survivre

Dans la Thaïlande instable des années 70, deux jeunes adolescents s’aiment. Autour d’eux les adultes chuchotent des fragments de vie, en secret. Dans ce monde où chacun ment ou se tait, rien n’est plus violent que la quête de vérité.

Un jour, à partir d’un détail, un mot, un regard, toute la perspective change et l’on mesure à quel point « le venin du passé fait souffrir ». 
Pour ces deux enfants, ce n’est pas l’âge des responsabilités ni des prises de décisions, c’est l’âge de l’innocence où la possibilité d’une autre vie est tout entière entre les mains de « maman qui nous aime à la folie ».
Quand on ne maîtrise pas le cours des événements, on ne maîtrise pas son destin, il vous échappe, il est trop tard.

Une description subtile et juste de l’enfance dont on voudrait bercer la fragilité, retarder le moment où tout bascule vers une illusion de liberté. 

Nicole B. 
27 mai 2017

lundi 20 mars 2017

La Femme est une horrible ensorceleuse



C’est une belle atmosphère, une atmosphère à la Duras, dans laquelle nous promène l’auteur. Très vite nous sommes plongés dans une espèce de moiteur et de torpeur. Chaque page nous plonge un peu plus dans les odeurs, les sons et les couleurs qui nous donnent le sentiment étrange que les souvenirs évoqués sont les nôtres. Une impression familière et douce nous envahit très vite à la lecture de ce livre.

Cependant, mêlée à cette sensation, une autre beaucoup moins agréable frappe l’esprit tout aussi vite. L’idée d’une confession, d’une longue lettre d’excuses dans laquelle la destinataire semble finalement reconnue coupable dès le départ. Peut-être est-ce la description que l’adulte fait a posteriori de ses souvenirs d’enfant. Le regard de l’adulte qui transforme les intentions pures et naïves de l’enfant en idées impures. À moins que l’Enfant ne soit pas un être si pur que ne le voudrait la société.

Quoi qu’il en soit, très vite le malaise s’installe. La sensation que la victime de ce livre est la coupable. La lente et longue explication du pourquoi elle ne peut être que la coupable. Il faut attendre la 129e page pour voir l’auteur esquisser un « c’est ma faute à moi », confession très vite adoucie par la description du comment cette faute était inévitable.

Que dire de l’allusion au serpent... tant de siècles passés et toujours la même bêtise humaine !

Finalement, ce bel ouvrage – car cela reste un bel ouvrage – n’est que le triste constat qu’au XXIe siècle rien n’a changé. En effet, 140 pages qui illustrent le plus vieux et le plus consternant des sophismes : La Femme est une horrible ensorceleuse pour l’Homme. Je suis un homme. Je suis donc la victime ensorcelée...

Cécile Guicheteau, mars 2017.

samedi 7 janvier 2017

Telle une obsession, « Priya » résonne au fil des lignes

Article original


Telle une obsession, « Priya » résonne au fil des lignes de cette nouvelle de Kanokphong Songsomphan éditée par Gope. L’auteur veut se souvenir des jours heureux de son enfance, mais désire plus que tout le faire entendre à Priya. Il l’interroge, l’interpelle, mais peut-elle encore le comprendre ?

Né dans le Sud de la Thaïlande en 1966, Kanokphong nous conte la vie d’une famille, la sienne, au gré des saisons au sein de son petit village niché au pied d’une colline d’où descend une rivière qui va rythmer son quotidien. Cela n’est pas sans rappeler « mon » Isan. Il grandit au sein de cette famille heureuse tout en continuant à forcer Priya à l’écouter – la nouvelle est en fait comme une lettre qu’il aurait souhaité lui faire entendre. Le temps passe, il devient adolescent ; les sens en éveil, il tente de comprendre, il aimerait que Priya l’aide mais… La vie se dégrade au sein de la famille, mais il garde l’espoir et surtout découvre l’amour qu’il porte à Priya. On ressent totalement cette oppression qui l’étreint, cette frustration qui l’étouffe grâce à un style précis et évocateur – on le doit à la traduction du thaï vers le français de Marcel Barang. 

Je ne lis pourtant pas le thaï, mais je le comprends et le fait que l’édition soit dans les deux langues donne un plus non négligeable.

Pages de gauche, le texte original, pages de droite le texte traduit. J’en ai profité pour le faire lire à ma femme et à mon fils – lui qui a la chance de lire dans les deux langues. À ma demande, ma femme a lu à haute voix des passages où le nom « Priya » revient telle une ritournelle et là, autant que dans le récit en français, on est bercé, telle une ondulation acoustique, c’est magnifique. Elle a néanmoins beaucoup aimé, elle qui ne lit habituellement pas ; des souvenirs de son enfance lui sont remontés au bord des yeux. Mon fils a eu plus de mal, il n’a que dix ans, jonglant entre le français et le thaï, il a surtout remarqué que le fait de traduire était un exercice difficile – des mots thaïs très imagés aux expressions en français non moins métaphoriques.

Cette nouvelle épistolaire se déroule durant les années 70-80, sous fond d’insurrection ; celle-ci sera matée par le pouvoir de l’époque… Et l’on sent que cela va nourrir les souvenirs de l’auteur, interférer dans cette vie heureuse de jeunesse qui va au fil des lignes se dégrader jusqu’à… Je n’en dirai pas plus !

À vous de lire la suite…

J’ai vraiment beaucoup aimé Priya. J’ai vraiment apprécié la double édition, le partage de cette lecture avec ma femme, cela me donne envie de faire lire Priya à d’autres thaïlandais(es) de mon entourage. Je ne peux que le conseiller à tous les Farangs qui vivent en couple, c’est une expérience vraiment enrichissante, trop rare à mon goût.

C’est tout simplement une belle histoire d’amour, touchante, sans oublier les touches d’humour qui se glissent au fil des lignes ; même dans le désarroi de l’Histoire, continuons de sourire. Je ne vous parle pas de tous les autres personnages, une galerie de portraits comme je les aime. Ce livre, c’est l’âme thaïlandaise des campagnes !

Si vous désirez en savoir plus sur Priya et tous ces gens qui l’entourent,vous pouvez les approcher de plus près directement auprès de l’éditeur.

Par jeffdepangkhan dans Et si on parlait bouquins ! (9) le 12 décembre 2016.

Priya (บ้านเกิด) : rentrée littéraire 2016

Article original


À l’occasion de la rentrée littéraire 2016, les éditions Gope publient une nouvelle de Kanokphong Songsomphan en version bilingue française thaïe : Priya (บ้านเกิด).

Dans le Sud profond de la Thaïlande des années 70, un amour d’adolescents tourne au tragique tandis que, dans les montagnes environnantes, une insurrection tourne court. Narrée sur le ton du repentir et du regret, cette lente prise de conscience des soubresauts du monde et de la chair n’exclut pas l’humour.

Natif du Sud de la Thaïlande, l’auteur était l’un des meilleurs nouvellistes de sa génération. Traduites en anglais et en japonais, ses œuvres ont souvent été primées. La traduction de Priya a été confiée à Marcel Barang, un ancien journaliste vivant en Thaïlande depuis presque quatre décennies et qui s’est imposé comme le principal traducteur littéraire du thaï, tant en français qu’en anglais.

Le Paris Phuket N°57, novembre-décembre 2016.


Kanokphong Songsomphan (กนกพงศ์ สงสมพันธุ์) 1966-2006