Éditions GOPE, 154 pages, 13 x 19 cm, 14.70 €, ISBN 979-10-91328-34-0

Traduction : Marcel Barang

lundi 20 mars 2017

La Femme est une horrible ensorceleuse



C’est une belle atmosphère, une atmosphère à la Duras, dans laquelle nous promène l’auteur. Très vite nous sommes plongés dans une espèce de moiteur et de torpeur. Chaque page nous plonge un peu plus dans les odeurs, les sons et les couleurs qui nous donnent le sentiment étrange que les souvenirs évoqués sont les nôtres. Une impression familière et douce nous envahit très vite à la lecture de ce livre.

Cependant, mêlée à cette sensation, une autre beaucoup moins agréable frappe l’esprit tout aussi vite. L’idée d’une confession, d’une longue lettre d’excuses dans laquelle la destinataire semble finalement reconnue coupable dès le départ. Peut-être est-ce la description que l’adulte fait a posteriori de ses souvenirs d’enfant. Le regard de l’adulte qui transforme les intentions pures et naïves de l’enfant en idées impures. À moins que l’Enfant ne soit pas un être si pur que ne le voudrait la société.

Quoi qu’il en soit, très vite le malaise s’installe. La sensation que la victime de ce livre est la coupable. La lente et longue explication du pourquoi elle ne peut être que la coupable. Il faut attendre la 129e page pour voir l’auteur esquisser un « c’est ma faute à moi », confession très vite adoucie par la description du comment cette faute était inévitable.

Que dire de l’allusion au serpent... tant de siècles passés et toujours la même bêtise humaine !

Finalement, ce bel ouvrage – car cela reste un bel ouvrage – n’est que le triste constat qu’au XXIe siècle rien n’a changé. En effet, 140 pages qui illustrent le plus vieux et le plus consternant des sophismes : La Femme est une horrible ensorceleuse pour l’Homme. Je suis un homme. Je suis donc la victime ensorcelée...

Cécile Guicheteau, mars 2017.

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